douard Du Puy (1770-1822) faisait partie des artistes extravagants qui allaient de place en place, jouant et composant souvent, et vivant une vie colorée tout le temps. Né sur les rives du lac de Neuchâtel à Corcelles-Cormondrèche (alors territoire rattaché au royaume de Prusse), il rejoint la cour de Prusse, principalement la maison de Henri de Prusse, frère de Frédéric le Grand. Henri de Prusse était un grand francophile, qui accueillit de nombreux musiciens français en exil lors de la Révolution (Grétry et Philidor). Il fut chassé de la cour du prince Henri en 1787 (pour avoir dérange le service dominical en entrant dans l’église à cheval). Il trouva un nouvel emploi en Suède, dont il fut chassé en 1799 à cause d’un chant louant Napoléon. Trouvant refuge à Copenhague, il acquit une solide réputation de chanteur, violoniste et chef d’orchestre. Il servit dans la Garde royale danoise et participa à la bataille de Copenhague de 1807 contre les troupes britanniques. Ses succès n’ont pas été que musicaux ou militaires. La gente féminine de la haute aristocratie lui trouvait suffisamment de charme pour qu’il soit de nouveau banni. On le retrouve maître de chapelle à la cour de Gustave IV en Suède. Il mourra à Stockholm en 1822.
C’est dans cette ville qu’il composa un concert pour basson. Le bassoniste virtuose Frans Preumayer le joua à de nombreuses reprises durant ses tournées européennes. Tombée dans l’oubli, la partition a été retrouvée un peu par hasard par le bassoniste non moins virtuose Bram van Sambeek en 2009. Selon van Sambeek, « le second mouvement est écrit dans un style plutôt d’opéra avec des ornements si minutieusement écrits qu’ils sont immanquablement destinés à un instrumentiste virtuose. »
Le disque fait la part belle à d’autres œuvres virtuoses de Mozart et Weber. Une belle réussite.
Référence
Bram van Sambeek : Mozart, Weber, Du Puy – concertos pour basson, Bis Records, 2019.